L'ELEVAGE DES DINDONS

Originaire d'Amérique centrale, le dindon fut introduit en Europe par les Espagnols. La tradition veut que le premier dindon mangé en France fût servi aux noces de Charles IX en 1570. L'élevage familial est, quant â lui, relativement récent; seuls les fermiers le pratiquaient auparavant en raison des nombreuses difficultés qu'il représentait. Fragile dans son enfance, le dindon est cependant très robuste dès qu'il est parvenu à l'âge adulte. Une race de petite taille (cinq kilos) récemment créée et de nouvelles techniques de prévention des maladies ont considé-rablement modifié les conceptions de l'élevage, le rendant plus accessible à tous. Oiseau bruyant et volumineux, aux colères prover-biales, le dindon doit peut-être aux truffes la célé-brité qu'il mérite. Sa chair
n'est point la plus fine, mais certainement la plus savoureuse des animaux de la basse-cour.
Son élevage, bien que facile, ne présente par contre, sur le plan de la vente, qu'un intérêt limité. Si vous prévoyez d'engraisser quelques dindes pour les fêtes de fin d'année, ne manquez pas de prévenir vos voisins et amis.
LES DIFFÉRENTES RACES DE DINDONS

Il est préférable d'élever de petites races plutôt que des grosses et de renoncer au maximum à l'antiqué élevage de la dinde de Noél, aussi coûteuse à l'éleveur qua lacheteur (sauf lorsque vous etes sur de leur écoulement). De corps robuste, bas sur pattes. le dindon a ta tête et la partie supérieure du cou dénudées et pourvues de pendeloques ou de caroncules turges-centes. Son plumage varie, selon les races, du blanc au noir en passant par les tons bronzés, cuivrés ou dorés.
LEURS MOEURS
Semi-sauvages. ces gros oiseaux au vol lourd aiment à se promener et se nicher dans les arbres. Olivier de Serres considère le dindon comme « l'emblème de la sottise et de l'orgueil)) sans doute à cause de sa façon de se pavaner en se rengorgeant de glouglous devant les femelles. A l'état sauvage comme en captivité, ces mâles se mon-trent d'humeur fort querelleuse à l'égard des autres volailles et même entre eux. Leur caractère ombrageux les entraîne parfois dans de telles batailles que l'un sinon les deux combattants risquent d'y trouver la mort. Leur agressivité peut également s'exercer contre tout intrus pénétrant dans leur domaine, « leur)) basse-cour qu'il soit volaille, chien ou homme. Les dindes sont d'excellentes mères qui élèvent leur progéniture avec sollicitude; elles sont souvent recher-chées pour couver les oeufs de poules ou de pintades lorsque ces dernières sont de mauvaises mères.
LE DOMAINE DES DINDONS
 Autrefois, on élevait les dindons dans un enclos, à la ferme, et, sous la conduite d'un enfant, on les emme-nait se promener, comme les oies. Comme il n'est plus question de garder ses dindons et que ceux-ci ont besoin d'espace, il faudra leur réserver un vaste terrain. Les dindons recherchent eux-memes leur nourriture: herbes tendres, baies, grains, insectes, etc., il leur faut donc un terrain approprié à leurs besoins, prévoir un local pour les jeunes qui sont fragiles pendant leur croissance, et un simple abri pour les adultes qui sont, eux, très résistants.
LE TERRAIN
Le terrain réservé aux dindons doit être vaste, de 100 à 120 mètres carrés pour un dindon et six à huit dindes. Ce terrain sera planté de nombreux arbres qui, en toutes saisons, leur serviront la plupart du temps de perchoir et de dortoir et clôturé sur une hauteur de 2 mètres par un solide grillage. Originaires des régions sèches, ces oiseaux craignent l'humidité, le terrain devra donc être le plus sec possible. A noter: ne placez pas les poulets dans la «réserve» des dindons car leur aecum contient des vers qui ris-quent de rendre les dindons malades. De plus, en cas de maladies, ils se contaminent les uns les autres sauf si vous avez fait le nécessaire pour les déparasiter. Enfin le caractère batailleur du mâle exclut la possibilité de le faire vivre avec d'autres espèces.
LA CABANE
Très rustique1 une cabane d'environ 2 mètres de haut, ouverte sur un côté, construite en bois ou en paille avec une armature de rondins sera suffisante. Vous la placerez le plus loin possible de la maison d'habitation car les dindons, extremement bruyants, poussent des cris perçants et désagréables. L'aménagement intérieur sera tout aussi sommaire: quelques perchoirs, une mangeoire, un abreuvoir et parfois des pondoirs.Les perchoirs seront disposés en gradins situés de 0,70 à I ,60 mètre du sol et espacés les uns des autres de 0,30 mètre; ils devront avoir un diamètre dc 6 centi-mètres au minimum. L'abreuvoir est indispensable car les dindons boivent beaucoup. Un grand seau fera l'affaire, à condition d'être toujours rempli, bien entendu. La mangeoire, en bois ou en métal, ou un récipient quelconqùe servira aux compléments d'alimentation. Les pondoirs, ou plutôt les nids, que vous confection-nerez avec uri peu de paille ou de feuilles sèches et que vous disposerez dans la cabane, sont tout à fait facultatifs.
LA PRODUCTION DES DINDONNEAUX
Le dindon ne peut se reproduire qu'à partir de l'âge de un an pour la femelle et de dix-huit mois pour le mâle. Les mâles sont de bons producteurs pendant cinq ans, les femelles de bonnes pondeusespendant trois ans. La reproduction, surtout celle des grosses races, est beaucoup plus tardive que celle des autres oiseaux de basse-cour.
Dès les premiers jours du printemps, les mâles appellent les femelles par leurs glouglous et leur font la cour en tournant autour d'elles et en faisant la roue. Des couples se forment et la ponte a lieu peu après. L'accouplement est parfois difficile pour les très grosses dindes et on est souvent obligé de mettre une selle à la femelle pour que le mâle ne la blesse pas. La dinde pond une vingtaine d'oeufs, dans une cachette à elle (rarement dans vos pondoirs), sur un lit de feuilles sèches, dans un trou ou sous un buisson. Il est assez facile de repérer l'endroitje mâle se tenant tou-jours a proximite. Vous pouvez aussi essayer d attirer la dinde dans un endroit que vous aurez choisi en y plaçant un oeuf en bois.
L'INCUBATION
Comme la dinde est excellente couveuse, il est possible de la laisser couver elle-même, dans son enclos, mais la mortinatalite risque d etre importante. Si vous voulez être sûr des résultats et obtenir un élevage rentable il vaudra mieux récolter les oeufs et les confier à une dinde couveuse ou une poule que vous placerez pendant la période d'incubation (vingt-huit trente jours) dans une poussinière. Vous récolterez les oeufs au fur et à mesure de la ponte, puis les conserverez une dizaine de jours au maximum dans un endroit frais (12°C environ). Vous les sélectionnerez par mirage et garderez les oeufs clairs non fécondés pour votre consommation.
LES DINDONNEAUX D'UN JOUR
La reproduction des dindons étant délicate, la plupart des petits éleveurs préfèrent acheter dans le commerce des dindonneaux d'un jour à élever en poussinière.
L'ÉLEVAGE DES DINDONNEAUX
Extrêmement fragiles dans les premiers temps de leur existence les dindonneaux, qui craignent surtout, 1'humidite, réclament des soins attentifs. Deux modes  pourront être envisagés.
AVEC LEUR MÈRE
Si les petits restent avec leur mère il faudra leur offrir un local bien sec, chaud et clair. Dès l'âge de un mois, s'il fait beau, ils pourront sortir, toujours avec elle, dans l'enclos.

DANS UNE POUSSINIÈRE
L'élevage en poussiniére est plus sûr, mais il est aussi plus long. Les dindonneaux ne sortent qu'à l'âge de deux mois, deux mois et demi, c'est-à-dire quand la « crise du rouge sera terminée.
LA CRISE DU ROUGELa crise du rouge correspond à une modification de l'organisme pouvant se comparer à une crise puber-taire. Les proliférations charnues du cou du dindon-neau se developpent pendant cette periode. L animal devient plus faible et particulièrement sensible aux maladies, notamment à l'histomonose.
L'ALIMENTATION DES DINDONNEAUX
C'est en grande partie grâce à une alimentation bien dosée que l'on aidera les dindonneaux à surmonter la crise du rouge. A chaque période de leur croissance correspondent des menus et des rations différents.