L'ABEILLE EN DANGER

 L'abeille est très dépendante de son environnement naturel mais aujourd'hui celui-ci lui pose de gravesproblèmes. Outre les bouleversements apportés dans les surfaces agraires -disparition des prairies naturelles, des haies, des polycultures. . . -qui font qu'elle est devenue comme étrangère â son milieu naturel, elle doit faire face aux pollutions de toutes natures et aux agressions des produits phytosanitaires. Depuis les années 50, le spectacle désolant de tapis d'abeilles mortes devant les ruches, voire de ruches anéanties en quelques jours, vient régulièrement rappeler que les molécules insecticides tuent sans discernement ( l'abeille est un insecte!) ou que la législation
n'est pas respectée. Et l'agriculture moderne de type intensif d'aujourd'hui fait un usage. . . , intensif lui aussi de produits nocifs. Plus récemment, disons ce dernier quart de siècle, la lutte contre les insectes ravageurs des cultures s'est orientée vers des produits systémiques ( c'est à dire véhiculés par la sève des végétaux ) mettant en oeuvre des molécules neuro­toxiques aux effets très pernicieux. Plus de cadavres d'abeilles signe manifeste d'empoisonnement mais des dépeuplements progressifs de ruches ( les butineuses perdent le sens de l'orientation et ne retrouvent plus leur niche ) et des troubles comportementaux dans la niche (perturbation du nourrissement du couvain et de la communication entre adultes due àune altération des signes hormonaux; agressivité anormale àl'entrée de ruche)Enfait,activité globale de la colonie subit un dérèglement profond qui la conduit irrémédiablement àsaperte.L'abeille est actuellement confrontée â deux molécules neurotoxiques :
l'imidaclopride et le fipronil, toutes deux utilisées en traitements de semences de la betterave, de maïs, de tournesol et de toutes les céréales à paille. Son usage sur tournesol est suspendu sur l'ensemble du territoire français depuis Janvier 99
( décision de Mi GLAVANY, ministre de l'Agriculture). "Régent" reste homologué en traitement de la semence de toumesol...Les deux molécules actives sont présentes dans le nectar et le pollen des plantes traitées. La dégradation de la molécule imiidaclopride au fil du temps donne des molécules de structure chimique plus courte, appelées métabolites, dont la virulence est nettement plus forte; c'est le cas en particulier de l'oleine. Mais surtout la rémanence de l'imidaclopride dans le sol est très longue ( généralement 2 ans ) et le produit se retrouve à des doses encore toxiques dans les cultures qui suivent. Enfin, cette molécule connait d'autres formulations : "Confidar" en pulvérisation sur les fruitiers, "Polyaxe" en horticulture et "Advantage" en produit anti-puces pour chiens et chats. Des analyses de résidus effectuées par le CNRS d'Orléans montrent que des fruitiers ayant reçu le traitement "Confidor", en respectant le délai de traitement avant récolte, donnent fréquemment des fruits contenant I OOp.p.b. (parts par milliards) d'imidaclopride. La limite maximale de résidus sur fruits est fixée à 300 ppb . A 6 ppb l'abeille est sérieusement perturbée. Il n'y a bien sûr aucune commune mesure entre le poids d'une abeille et celui d'un homme, pas plus qu'entre leurs systèmes nerveux respectifs mais... L'abeille est considérée conune un indicateur fiable de l'état de santé de l'environnement; s'il est inàontestable que l'imidaclopride ainsi disponible dans la nature constitue un. danger pour l'abeille, cela ne doit-il pas suggérer que d'autres insectes utiles sont agressés et s'il en est ainsi, cela ne pourrait-il pas mener à des carences de pollinisation, à des manques en prédateurs de nuisibles et à un dérèglement grave de l'écosystème? Et l'homme dans tout cela ?
A en croire Albert EINSTEIN (*) "Si l'abeille disparaissait de la surface du globe, l'homme n'aurait plus que 4 années à vivre. Plus de pollinisation, plus d'herbe,plus d'animaux, plus d'hommes."

  Jean-Louis PERDRIX Apiculteur ; Faury
                   42600 Essertines en Chateineuf

   (*) Il serait alors le propre artisan de sa disparition!